9 août 2015

Le col du Corbier en cyclo-cross Stevens

Quarante et un an après, avec mon cyclo-cross Stevens, je suis les traces de mon père sur le col du Corbier (Haute-Savoie). Cet été 1974, nous passions nos vacances à la ferme à Chonnay, près d'Evian-les-Bains. Mon père, cycliste de 39 ans en pleine forme, partit gravir le Corbier à quelque 27 kilomètres de notre lieu de villégiature. Cet été, je reproduis, à 49 ans, l'effort du dabe.

Mon cyclo-cross Stevens en haut du Corbier.
D'Evian, je prends la route D21, puis la D52 en direction de Chévenoz. Quel changement par rapport à nos routes d'Ile-de-France : ici, ça grimpe dès le début, pas de plaine pour s'échauffer. Je pars donc sans forcer, atteignant néanmoins 130-140 pulsations par minute. J'imagine sur ces routes mon père sur son vélo Spécial CNC jaune des années 1960, équipé de boyaux.

Du plateau du Chablais, je descends vers Chévenoz. La vue est magnifique, j'ai sans cesse en tête ce titre de film : Quelle était verte ma vallée (John Ford, 1941). La prairie verdoyante, des forêts de sapins, les sommets gris : je pédale dans un Western des années 1950, avec James Stewart, dans les montagnes rocheuses. J'ai aussi à l'esprit des images du documentaire de J. Leth sur le Giro 1974. A quoi pensait mon père, ce jour de juillet 1974, alors qu'il approchait du Corbier ?

Sur route d'Abondance, je fais connaissance avec un étudiant qui part monter un autre col. Nous échangeons nos impressions sur le magnifique paysage et les routes si propres. A l'approche du hameau La Solitude, où je quitte la D22, nous nous séparons. La Solitude, donc, au bas du col. Mon père s'en souvient : il était sur le 36x17, ne lui restant plus que le 36x19 pour vaincre le col. En 1974, le vent soufflait : un lacet avec le vent dans le dos, le suivant avec le vent de face. Cette année, pas de vent.

Le Vélomane vintage en haut du Corbier.
Mon père arriva au sommet les mains en sang : il finit en tirant sur les cocottes, sans gants. Pour ma part, pas de souffrance de ce type : sur mon 36x23, malgré mes pneus à crampon de 700x32, je suis à l'aise (au cas où, j'ai encore les pignons de 25 et 28). Hormis ses freins cantilever et ses gros pneus, mon cyclo-cross est comparable à un vélo de route actuel : cadre en aluminium et fourche en carbone.

Le franchissement d'un col se passe bien, à condition de rouler à son rythme, de s'alimenter et de boire. Le pourcentage moyen est de 7,5 % de ce côté du Corbier. Je passe le 36x21 pour l'arrivée sous le soleil. Hourra, à 1230 m d'altitude, je me retrouve sur les traces de mon père !

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