25 février 2017

Le cycliste hipster, arrière-petit-fils du mélomane hep cat

Il roule sur un vélo vintage, de préférence en pignon fixe ; il porte une épaisse barbe, une petite banane gominée, la nuque et les tempes coupées très court ; il est tatoué. Ainsi se déplace le cycliste dit "hipster". Agé en général de moins de trente-cinq ans, ce personnage urbain puise son style dans le passé, avec un vieux vélo de course en acier et une apparence inspirée des années 1940-50.

Ray Ellis, musicien et
cycliste hipster (1957).
Ces cyclistes apparaissent en France et notamment à Paris, selon moi, au début des années 2010. Le vélo à l'ancienne plaît de plus en plus et les premières cyclos vintage (La Patrimoine, l'Anjou Vélo Vintage...) sont organisées. Autre élément, d'après les statistiques de Google Trends, les recherches autour du terme "hipster" ne cessent de progresser entre décembre 2010 et décembre 2015.

Le nom "hipster" ou "hepster" remonte aux années 1940 où il désigne aux États-Unis des passionnés de jazz bebop. Le hipster, aussi appelé "hep cat" par le chanteur noir Cab Calloway, adopte le style de vie des jazzmen : vêtements (dont le pantalon à pinces très large), argot, attitude décontractée... Dans les années 1950, les adolescents américains prennent le relais, désignant les amateurs de rock and roll de "cats", "alligators"...

En observant les hipsters français d'aujourd'hui, je retrouve quelques détails propres aux amateurs de rock and roll à l'origine du phénomène de rockabilly revival, apparu en France à la fin des années 1970 : coiffure gominée très apprêtée, chemise à motifs écossais... Quelques différences, cependant : les hipsters du XXIe siècle portent des pantalons serrés, alors que les "cool cats" du rock and roll déambulaient dans de confortables jeans à revers (type Levi's 501). En outre, ils étaient toujours rasés de frais.
Vers 1939, le jazzman Cab Calloway
définit le "hep cat" comme "le gars qui connaît toutes les réponses,
comprend le dialecte de Harlem" (le jive).